OEUVRES CURSIVES
Ionesco, La Leçon
Né à Slatina (Roumanie), le 13 novembre 1909.
Né d’un père roumain et d’une mère française, Eugène Ionesco passa sa petite enfance en France. Il y écrivit à onze ans ses premiers poèmes, un scénario de comédie et un « drame patriotique ».
En 1925, le divorce de ses parents devait le conduire à retourner en Roumanie avec son père. Il fit là-bas des études de lettres françaises à l’université de Bucarest, participant à la vie de diverses revues avant-gardistes.
En 1938 il regagnait la France pour préparer une thèse, interrompue par le déclenchement de la guerre qui l’obligea à regagner la Roumanie. C’est en 1942 qu’il devait se fixer définitivement en France, obtenant après la guerre sa naturalisation.
En 1950, sa première œuvre dramatique, La Cantatrice chauve, sous-titrée « anti-pièce », était représentée au théâtre des Noctambules. Échec lors de sa création, cette parodie de pièce allait durablement marquer le théâtre contemporain, et faisait de Ionesco l’un des pères du « théâtre de l’absurde », une dramaturgie dans laquelle le non-sens et le grotesque recèlent une portée satirique et métaphysique, présente dans la plupart des pièces du dramaturge. Citons, entre autres, La Leçon (1950), Les Chaises (1952), Amédée ou comment s’en débarrasser (1953), L’Impromptu de l’Alma (1956), Rhinocéros (1959), dont la création par Jean-Louis Barrault à l’Odéon-Théâtre de France apporta à son auteur la véritable reconnaissance. Viendront ensuite Le Roi se meurt (1962), La Soif et la Faim (1964), Macbett (1972).
Auteur de plusieurs ouvrages de réflexion sur le théâtre, dont le célèbre Notes et contre-notes, Eugène Ionesco connut à la fin de sa vie cette consécration d’être l’un des premiers auteurs à être publié de son vivant dans la prestigieuse bibliothèque de la Pléiade.
Eugène Ionesco fut élu à l’Académie française le 22 janvier 1970
Mort le 28 mars 1994.
Source http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/eugene-ionesco
source :www.theatre-contemporain.net
La Leçon est une oeuvre d’Eugène Ionesco, grand dramaturge français d’origine roumaine né en 1912. Cette pièce a été écrite en 1950 et créée au Théâtre de Poche Montparnasse en 1951. Le théâtre de Ionesco dénonce l’absurdité de la vie et des rapports sociaux grâce à un univers parodique. Il est un des fondateurs du Théâtre de l’Absurde, favorisant le thème de la communication impossible entre les êtres (Rhinocéros, La Cantatrice Chauve, …)
Dans La Leçon, Ionesco sort des bases de la dramaturgie traditionnelle ; la forme est dépouillée : la pièce se résume à un seul acte sans découpage en scènes. L’action, simple, comporte peu de péripéties mais un prologue, un développement progressif au cours duquel le professeur vampirise son élève, celle-ci tombant dans la mollesse et lui au contraire devenant de plus en plus sûr de lui et autoritaire ce qui aboutit au paroxysme : le meurtre sadique, puis à une chute.
La pièce présente un mélange des tonalités comique et tragique, traditionnellement refusé. Ceci est indiqué dès le titre : La Leçon est un « drame comique ». La première partie est placée sous le signe de l’amusement. Les jeux de mots prolifèrent, ainsi que les phrases ou les raisonnements absurdes. Tout ceci provoque le sourire voire le rire mais certaines interventions de la bonne, « la lueur dans les yeux » du professeur et les exemples qu’il emploie créent un climat de tension annonciateur de la fin tragique, le meurtre. Nous retrouvons bien dans cette pièce les principales caractéristiques du Théâtre de l’Absurde que sont la liberté face au théâtre traditionnel, la fuite du réel et le mélange de tons.
Cette pièce est désormais un classique étudié par toutes les classes littéraires. La mise en scène de création est interprétée sans interruption depuis 1957 au théâtre de la Huchette, mais il est aujourd’hui pour la première fois à Paris possible de présenter une nouvelle production de l’oeuvre.
Résumé
Les personnages
Trois personnages : le professeur, l’élève, la bonne.
Le professeur :
Donne des cours particuliers aux élèves préparant le doctorat. Lors de la séance d’arithmétique, rien à signaler, mise à part la facilité des exercices proposés (addition, soustraction) ; puis, dès le passage à l’étude des langues, le personnage entre dans une folie et une absurdité dont personne ne peut le tirer.
représentation caricaturale et négative qui met en avant la critique du pouvoir.Sa tyrannie et sa cruauté vos croissante au fil de la pièce
La jeune élève :
Se rend chez le professeur pour qu’il l’aide à préparer son doctorat total. Alors qu’elle n’arrive pas à comprendre des exercices de mathématiques très simples, elle résout une multiplication très complexe. Étrange… ! Puis, lors de la leçon de philologie, un mal de dent la déconcentrera, ce qui exaspérera son professeur qui finira par la tuer et en fera sa 40ème victime de la jounée.
Elle est une victime parmi tant d’autres
Son comportement, gai et vivant, va en déclinant au fil de la pièce.
La bonne :
âgée de 45 à 50 ans, intervient assez peu mais ses apparitions prennent la forme de conseils et de mise en garde qui aiguisent la curiosité du lecteur tels « Excusez-moi monsieur, faites attention, je vous recommande le calme », « C’est bien, monsieur, Vous ne direz pas que je ne vous ai pas averti », ou encore « Monsieur, surtout pas la philologie, la philologie mène au pire… »complice du drame en n’empêchant pas la jeune fille de se faire violer et tuer ; de même elle est complice en couvrant le professeur après la mort de la jeune fille.
Inventer n’est pas démissionner. La liberté d’imagination n’est pas une fuite dans l’irréel, elle n’est pas une évasion, elle est audace, invention.
L’imaginaire est plus fort, plus vrai, plus apte à rendre compte du réel que le document. Je n’aime pas le « réalisme » : celui qui veut être réaliste est toujours partisan d’une cause ou d’une autre.
Le poète, lui, ne ment pas. Il imagine.
Pour quelqu’un qui fait du théâtre, le rêve peut être considéré comme un événement essentiellement dramatique. Le rêve c’est le drame même. En rêve on est toujours en situation.
PETIT QUIZ SUR LA LECON
Ecouter particulièrement à partir de 30.01 à 33.09/
Voir biographie ci-dessus
Dramaturge, Ionesco est aussi un théoricien du théâtre. Dans Notes et contre-notes, il réfléchit sur le sens et la portée du théâtre. Il aborde ici la question de la parole théâtrale.
Sur le théâtre
Document complémentaire n°2 Ionesco Notes et contre-notes, 1966.
Si l’on pense que le théâtre n’est que théâtre de la parole, il est difficile d’admettre qu’il puisse avoir un langage autonome. Il ne peut être que tributaire des autres formes de pensée qui s’expriment par la parole, tributaire de la philosophie, de la morale. Les choses sont différentes si l’on considère que la parole ne constitue qu’un des éléments de choc du théâtre. D’abord le théâtre a une façon propre d’utiliser la parole, c’est le dialogue, c’est la parole de combat, de conflit. Si elle n’est que discussion chez certains auteurs, c’est une grande faute de leur part. Il existe d’autres moyens de théâtraliser la parole : en la portant à son paroxysme, pour donner au théâtre sa vraie mesure, qui est dans la démesure ; le verbe lui-même doit être tendu jusqu’à ses limites ultimes, le langage doit presque exploser, ou se détruire, dans son impossibilité de contenir les significations.
La représentation, et c’est aussi une histoire que l’on voit vivre. Le théâtre est autant visuel qu’auditif. (…)Mais il n’y a pas que la parole : le théâtre est une histoire qui se vit, recommençant à chaque n’est pas une suite d’images, comme le cinéma, mais une construction, une architecture mouvante d’images scéniques.
Tout est permis au théâtre : incarner des personnages, mais aussi matérialiser des angoisses, des présences intérieures. Il est donc non seulement permis, mais recommandé, de faire jouer les accessoires, faire vivre les objets, animer les décors, concrétiser les symboles.
(…)
Si donc la valeur du théâtre était dans le grossissement des effets, il fallait les grossir davantage encore, les souligner, les accentuer au maximum. Pousser le théâtre au-delà de cette zone intermédiaire qui n’est ni théâtre, ni littérature, c’est le restituer à son cadre propre, à ses limites naturelles. Il fallait non pas cacher les ficelles, mais les rendre plus visibles encore, délibérément évidentes, aller à fond dans le grotesque, la caricature (…) Humour, oui, mais avec les moyens du burlesque. Un comique dur, sans finesse, excessif. Pas de comédies dramatiques, non plus. Mais revenir à l’insoutenable. Pousser tout au paroxysme, là où sont les sources du tragique.
Faire un théâtre de violence: violence comique, violemment dramatique.
Éviter la psychologie ou plutôt lui donner une dimension métaphysique. Le théâtre est dans l’exagération extrême des sentiments, exagération qui disloque la plate réalité quotidienne. Dislocation aussi, désarticulation du langage. (…) Mais il n’y a pas que la parole : le théâtre est une histoire qui se vit, recommençant à chaque représentation, et c’est aussi une histoire que l’on voit vivre. Le théâtre est autant visuel qu’auditif. Il n’est pas une suite d’images, comme le cinéma, mais une construction, une architecture mouvante d’images scéniques. (…) Il est donc non seulement permis, mais recommandé de faire jouer les accessoires, faire vivre les objets, animer les décors, concrétiser les symboles. De même que la parole est continuée par le geste, le jeu, la pantomime, qui, au moment où la parole devient insuffisante, se substituent à elle, les éléments scéniques matériels peuvent l’amplifier à leur tour. (…)