MOLIERE,LE MARIAGE ET LES PERES…
Etre fille à l’époque de Molière, c’est passer de l’autorité toute puissante du père à celle du mari, qui parfois a l’âge du père ! La fille à marier est monnaie d’échange qui permet de faire une bonne affaire ou de passer dans un statut social supérieur. Le mariage est avant tout une affaire d’argent.
Dans Les Femmes savantes, voici le propos d’Orgon à Agnès…
“Le mariage, Agnès, n’est pas un badinage:
A d’austères devoirs le rang de femme engage;
Et vous n’y montez pas, à ce que je prétends,
Pour être libertine et prendre du bon temps.
Votre sexe n’est là que pour la dépendance:
Du côté de la barbe est la toute-puissance.
Bien qu’on soit deux moitiés de la société,
Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité;
L’une est moitié suprême, et l’autre subalterne;
L’une en tout est soumise à l’autre, qui gouverne;
Et ce que le soldat, dans son devoir instruit,
Montre d’obéissance au chef qui le conduit,
Le valet à son maître, un enfant à son père,
A son supérieur le moindre petit frère,
N’approche point encor de la docilité,
Et de l’obéissance, et de l’humilité,
Et du profond respect où la femme doit être
Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître.”
Les filles et le mariage
En 1666, Antoine Furetière établit un “ tarif ” de la dot que doit rapporter une fille selon le niveau social de son mari. Beaucoup souhaitent pourtant ce mariage qui est une alternative moins sévère que le couvent. Une fois mariée, la femme doit obéissance à son mari. Les conséquences en sont souvent l’adultère et les histoires en cours sont donc d’une grande banalité.
Louis XIV encore jeune, a remis à l’honneur une sorte de libertinage amoureux qui devient vite une mode. En même temps, il se fait le protecteur des sciences. Grâce à lui, 3 idées se rejoignent :
- On revendique une certaine liberté de moeurs
- La jeunesse est en soi une valeur
- L’instruction est un chemin vers l’émancipation et des femmes brillantes mettent en pratique ces idées nouvelles en ouvrant des salons littéraires. Ces précieuses refusent le mariage pour prôner des relations plus riches et plus subtiles. Elles s’intéressent à tous les aspects de la vie culturelle et refusent la domination masculine.
Molière dans toutes ses pièces prend le parti des filles (ou des fils). C’est presque toujours un stratagème à peine crédible qui dénoue les liens contractés contre la volonté des enfants.
“En plaidant pour la jeunesse et le bonheur, Molière plaide aussi pour le droit de chacun à disposer de soi-même”.
Dans Le Malade Imaginaire,
Acte II, scène 6 :
ARGAN.- Écoute, il n’y a point de milieu à cela. Choisis d’épouser dans quatre jours, ou Monsieur, ou un couvent. Ne vous mettez pas en peine, je la rangerai bien.
Acte III, scène 3
BÉRALDE.- D’où vient, mon frère, qu’ayant le bien que vous avez, et n’ayant d’enfants qu’une fille ; car je ne compte pas la petite : d’où vient, dis-je, que vous parlez de la mettre dans un couvent ?
ARGAN.- D’où vient, mon frère, que je suis maître dans ma famille, pour faire ce que bon me semble ?