LE SURREALISME

Aux origines du Surréalisme : DADA

Le dadaïsme, dit aussi « dada » est un mouvement intellectuel, littéraire et esthétique d’avant-garde qui dura environ de 1916 à 1925. Il fut l’un des mouvements artistiques internationaux parmi les plus novateur du XXe siècle. Ce mouvement fut créé à Zurich par Tristan Tzara vers 1916. Il doit son nom à un mot tiré au hasard dans le dictionnaire : dada. « dada ne signifie rien », dit Tzara. Le mouvement dada se définit simplement comme un rejet du rationalisme (la raison) et de la bourgeoisie. Les dadaïstes, parmi lesquels figurent André Breton, Paul Eluard ou Louis Aragon, multiplient les manifestations provocantes et appellent art tout objet détourné de sa fonction utilitaire.

Caractéristiques :

  • Rejet de la raison et de la logique.
  • Mise en avant de l’esprit d’enfance, extravagance, dérision et humour.
  • Volonté d’être irrespectueux, extravagants.
  • Mépris total pour les « vieilleries » du passé. (Comme le Futurisme)
  • Recherche d’une plus grande liberté de créativité donc utilisation de tous les matériaux et toutes les formes disponibles.
  • Recherche de liberté dans le langage

LE SURREALISME (1924-1945)

Le terme surréalisme est créé à partir du néologisme « surréalité » utilisé en 1917 par Guillaume Apollinaire (1880-1918) à propos d’une de ses œuvres.

En hommage à Guillaume Apollinaire, qui venait de mourir (…) Soupault et moi, nous désignâmes par le nom de SURREALISME le nouveau mode d’expression pure que nous tenions à notre disposition […] ( Breton, Manifeste du surréalisme, p. 36)

Max Ernst - Au rendez-vous des amis 1922 Assis de gauche à droite : René Crevel, Max Ernst, Dostoievsky, Théodore Fraenkel, Jean Paulhan, Benjamin Péret, Johannes Baargeld, Robert Desnos. Debout : Philippe Soupault, Jean Arp, Max Morise, Raphaël, Paul Éluard, Louis Aragon, André Breton, Giorgio de Chirico, Gala Éluard

DEFINITIONS

SURREALISME, n, m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. (Breton)

ENCYCL; Philso. Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d’associations négligées jusqu’à lui, à la toute puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie

OBJECTIFS du mouvement surréaliste :

  • une envie de changer la vie comme le disait déjà Rimbaud, de l’embellir.
  • de changer le monde marqué par les horreurs de la guerre de 14-18
  • d’être moderne et d’explorer les territoires nouveaux de l’imaginaire, du rêve et de l’inconscient.

C’est un mouvement contestataire, provocateur, inventif qui va transformer le langage littéraire et artistique du XXe siècle.

Dans les différents Manifestes du surréalisme, celui de 1924 et de 1930, ainsi que dans ses différents écrits, André Breton expose le projet surréaliste, et affirme une volonté de ruptureavec une certaine façon de voir la réalité et d’envisager la société : il promeut une « recherche visant à affranchir l’homme de ce qui le limite et à lui permettre de s’accomplir pleinement »(3) .

Libérer la pensée de toutes les oeillères qui empêchent d’accéder à une vision du monde tel qu’il est véritablement ; enjeu vital selon lui, car ces oeillères que peuvent constituer la morale, la raison ou encore les idéologies soumettent « la pensée à un servage toujours plus dur »(4) .

L’influence de Freud

Sigmund Freud (re)découvre, au début du XXe siècle, l’inconscient, force obscure qui serait à l’origine de nos rêves. André Breton est un étudiant français en médecine. Il est fasciné par la découverte des idées de Freud et décide de les appliquer dans le domaine artistique.

Pourquoi « surréalisme » ? Parce qu’il s’agit d’opérer la fusion du rêve et de la réalité afin d’atteindre une « réalité supérieure » :

« Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, de surréalité, si l’on peut ainsi dire ».

André Breton, Manifeste du surréalisme, 1924

La guerre :

La Grande Guerre (1914-1918) et son cortège d’horreurs montrent les limites de la raison qui promettait un progrès constant à l’humanité (cf XVIII° siècle). C’est au nom de la Raison, la « raison d’État », que des centaines de milliers de Français sont tombés dans les tranchées. Il y a par ailleurs une contestation sociale de la bourgeoisie.


SURREALISME ET LANGAGE

L’invention d’une langue

Pour parvenir à cette exploration de l’inconscient, les surréalistes se livrent à certaines pratiques, comme :

  • Inventer une langue où la construction de l’image poétique est constante, sans se préoccuper des contraintes linguistiques imposées par la tradition. Selon Reverdy (1889-1960), l’image poétique “naît… du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées. Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l’image sera forte.” « La terre est bleue comme une orange »,phrase de Paul Eluard illustre ce nouveau langage.
  • l’écriture automatique, qui consiste à écrire tout ce qui passe par la tête, sans chercher à faire intervenir la raison, Se confier au hasard toujours plein d’heureuses et étonnantes surprises

La méthode d’écriture automatique inventée par Breton et pratiquée par les surréalistes consiste à écrire le
plus rapidement possible ce qui vient à l’esprit, sans contrainte ni contrôle. Une pensée et un imaginaire à
l’état brut, plus aisément saisissables dans un état proche du rêve ou sous hypnose.

Faites-vous apporter de quoi écrire, après vous être établi en un lieu aussi favorable que possible à la concentrationde votre esprit sur lui-même. Placez-vous dans l’état le plus passif, ou réceptif, que vous pourrez.

Faites abstraction de votre génie, de vos talents et de ceux de tous les autres. Dites-vous bien que la littérature est un des plus tristes chemins qui mènent à tout. Écrivez vite sans sujet préconçu, assez vite pour ne pas retenir et ne pas être tenté de vous relire. La première phrase viendra toute seule, tant il est vrai qu’à chaque seconde il est une phrase étrangère à notre pensée consciente qui ne demande qu’à s’extérioriser.

Il est assez difficile de se prononcer sur le cas de la phrase suivante ; elle participe sans doute à la fois denotre activité consciente et de l’autre, si l’on admet que le fait d’avoir écrit la première entraîne un minimum de perception. Peu doit vous importer, d’ailleurs ; c’est en cela que réside, pour la plus grande part, l’intérêt du jeu surréaliste. Toujours est-il que la ponctuation s’oppose sans doute à la continuité absolue de la coulée qui nous occupe, bien qu’elle paraisse aussi nécessaire que la distribution des noeuds sur une corde vivante.

Continuez autant qu’il vous plaira […].

André Breton, Manifeste du Surréalisme, 1924


Labyrinthe de Francis Picabia

La volonté attend sans cesse

Un désir sans trouver.

Le cran d’arrêt passionne l’absence

de gaudriole.

Une cicatrice vers la nuit

profane la réflexion
Il n’y a que détachement

incrédule.

On me fait souffrir

parce que je sais l’indifférence

Banalités embarquées sans cesse

sur elles-mêmes :

Les horizons attirent les yeux

de nos sentiments.
In La poésie surréaliste, © Seghers 1970 p 273

C’est dans Les Champs magnétiques, paru en 1919, qu’André Breton et Philippe Soupault ont expérimenté pour la première fois la pratique de l’écriture automatique, qui consiste à écrire très rapidement en laissant libre cours à la pensée, sans contrôle de la raison.

Les cadavres exquis, où plusieurs personnes composent un texte sans savoir ce que les autres écrivent, les récits de rêves, les jeux typographiques, jusqu’aux simulations d’états démentiels…


Le cinéma et la photographie surréaliste

Le cinéma :

C’est en 1928 que Luis Buñuel, en collaboration avec Salvador Dali, réalise le premier film surréaliste : Un Chien Andalou.

Un chien andalou, Luis Bunuel

Dès 1930, le duo récidive avec L’Age d’or, un film controversé qui sera mis à l’index jusqu’en 1980 pour ses représentations anti-religieuses.

Ces deux films seront longtemps considérés comme les uniques vraies oeuvres cinématographiques surréalistes. Par la suite, le surréalisme influencera énormément le cinéma mais ne sera jamais qualifié de « genre » en soit. Pourtant, il aura une influence marquée sur le cinéma à venir et sur ses artisans.

L’âge d’or & L’amour fou

La photographie surréaliste

Le surréalisme et l’objet / Centre Pompidou