« Dieu le fracas que fait un poète qu’on tue ».
Louis Aragon, Le Roman inachevé, « Strophes pour se souvenir »,1956
BIOGRAPHIE D'ARAGON
Immense écrivain et immense poète, homme d’engagement politique et amoureux, il laisse une oeuvre forte et multiple.
Louis Aragon est né en octobre 1897 à Neuilly-sur-Seine, fils naturel de Louis Andrieux qui ne le reconnaitra jamais (préfet de police, ancien sénateur de Forcalquier) et de Marguerite Toucas.
Grand lecteur et élève brillant, il est bachelier en 1915 et entame des études de médecine.
En 1917, il part pour le front où il rencontre André Breton avec lequel il participera au mouvement Dada.
Au début des années 20, c’est encore avec Breton, Eluard, Soupault… qu’il participera au surréalisme. Son Paysan de Paris (1927) , est une déambulation rêvée dans les rues de la capitale.
Suit une période sombre pour Aragon qui abandonné par sa maitresse, , submergé de problèmes financiers, tente de se suicider, à Venise, en septembre 1928.
Mais, fin 1928, il rencontre Elsa Triolet. Elle est Russe, elle aussi écrivain et belle-soeur de Vladimir Maïakovski, un grand poète. Ils ne se quitteront plus jusqu’à la mort de celle-ci en 1970.
Inscrit au Parti communiste dès 1927, Aragon s’engage dans la lutte politique et rompt définitivement avec Breton et les surréalistes, parce qu’il voit une incompatibilité entre communisme et surréalisme.
Journaliste à L’Humanité, il poursuit sa carrière de romancier notamment avec Aurélien.
La guerre de 1939-1945 va marquer un tournant dans l’œuvre d’ Aragon. Il devient l’un des poètes majeurs de la Résistance avec Eluard, Desnos et bien d’autres.
Démobilisé fin 40, Aragon réfléchit à la nécessité d’une littérature de “contrebande”. La question de l’engagement ne se pose pas, la réponse va de soi : se battre avec leurs armes, les mots. Aragon produit beaucoup d’œuvres : Les Yeux d’Elsa, 1942, Brocéliande, 1942, Le Musée Grévin, 1943, publié sous le pseudonyme de François la Colère, La Rose et le Réséda, 1943, La Diane française, 1944
Comme des milliers d’autres communistes, Elsa et Louis veulent se battre, et refusent l’idée de collaborer. Après l’attaque de l’URSS par Hitler qui rompt le pacte , Elsa et Aragon sont alors chargés de regrouper et d’organiser les intellectuels.
De retour à Paris, avec Jean Paulhan et Jacques Decour (arrêté et fusillé en mai 1942) ils envisagent la publication d’une revue clandestine, Les Lettres françaises.
En 42, la zone libre est à son tour envahie par les Allemands. C’est l’entrée dans la clandestinité.
Aragon va alors revenir à des formes poétiques héritées du moyen-âge et des rhétoriqueurs. Il avait commencé cette recherche d’une poésie capable de dire la réalité au milieu des années 1930, après une période d’écriture exclusivement romanesque. Il écrit ainsi en 1935 à un correspondant : « Je suis à la recherche d’un langage, un langage qui soit celui de notre temps, de notre peuple, et à la fois de la plus haute vague. »
Voici ce qu’écrit Pierre Daix à propos de ce choix.
Parce que nous connaissons l’avenir, certains moments de la création artistique nous paraissent avoir été prédestinés. Qu’Aragon ait recueilli et lu entre 1937 et 1939 tout ce qu’il pouvait trouver d’une poésie française des origines qui, le plus souvent, n’avait plus été rééditée depuis le XIXe siècle, déchiffrant chansons de geste, romans courtois, poèmes lyriques des troubadours et des trouvères, voilà qui peut sembler aussi prodigieux que la rencontre de Picasso, en 1906, avec l’exposition de sculpture ibérique au Louvre. Et pourtant sa poésie de la Résistance est sortie de là, comme Les demoiselles d’Avignon des têtes de Cerro de los Santos. Tout grand artiste doit ainsi savoir se doter par anticipation de l’outillage mental qui lui sera nécessaire. La rationalité courte n’y peut rien, qui se demande comment ces vieilleries pourraient aider à dire un temps où des engins mécanisés ont décidé du sort des combats. Mais c’est une rationalité de longue haleine, celle de l’histoire d’une nation, qui est ici en jeu.
Pierre Daix
C
“J’ai traversé les ponts de Cé
C’est là que tout a commencé
Une chanson des temps passés
parle d’un chevalier blessé
D’une rose sur la chaussée
Et d’un corsage délacé
Du château d’un duc insensé
Et des cygnes dans les fossés
De la prairie où vient danser
Une éternelle fiancée
Et j’ai bu comme un lait glacé
Le long lai (2) des gloires faussées
La Loire emporte mes pensées
Avec les voitures versées
Et les armes désamorcées
Et les larmes mal effacées
Ô ma France, ô ma délaissée
J’ai traversé les ponts de Cé
Louis Aragon, “C”, Les Yeux d’Elsa, 1942, éditions Seghers
Aragon redonne vie aux formes poétiques médiévales dont les règles ont été fixées pour la première fois au XIIe siècle . C’est un style hermétique qui fonctionne sur un jeu complexe de figures de sens, et seuls des lecteurs subtils et initiés pouvaient rétablir le lien fictif du texte avec une réalité extérieure à lui. Ce clus trover permettait aux poètes de chanter leurs Dames en présence même de leur Seigneur.
Aragon explique que l’origine de l’art fermé est à rechercher « non dans la fantaisie du poète, mais dans les circonstances de sa vie, le monde où il vivait, l’air qu’il respirait, la société même à laquelle le confinait l’histoire ». On comprend donc tout l’intérêt que pouvaient présenter aux yeux d’Aragon de telles techniques à l’époque de la poésie de « contrebande ». Grâce à sa pratique de l’art fermé, ses poèmes de « contrebande » échappent le plus souvent à la censure et sont publiés dans des revues autorisées.(Au moins jusqu’en 1942)
À la Libération, Elsa obtient le Goncourt et Aragon reprend la direction de Ce soir, et entre en 1949 aux Lettres françaises, le magazine culturel du P.C.F., Il publie le Roman inachevé (1956 – – et toujours Elsa (1959), le Fou d’Elsa (1963).
Il continue à écrire des romans, la Semaine sainte (1958), son seul roman historique et Blanche ou l’Oubli
1970, c’est la mort d’Elsa. Aragon redevient le dandy des origines, plein de désespoir. Homosexuel enfin affirmé, vêtu de blanc, , il parle de cette vie « ratée de bout en bout » dans Henri Matisse , roman (1971),
Il meurt le 24 décembre 1982.
Aragon sur l’engagement de l’écrivain
Aragon , Une vie, une oeuvre
Que ton poème soit l’espoir qui dit A suivre
Au bas du feuilleton sinistre de nos pas
Que triomphe la voix humaine sur les cuivres
Et donne une raison de vivre
A ceux que tout semblait inviter au trépas
Extrait de Elsa, Ce qu’Elsa dit au poète
Oeuvres romanesques les plus connues
♥ Le Paysan de Paris, 1926
♥ Le Con d’Irène, 1927 (sous le nom d’Albert de Routisie)
♥ Les Cloches de Bâle, 1934 (Le Monde réel)
♥ Les Beaux Quartiers, 1936 (Le Monde réel), Prix Renaudot
♥ Aurélien, 1944 (Le Monde réel)
♥ Blanche ou l’oubli, 1967
Oeuvres poétiques les plus connues
♥ Le Crève-cœur, 1941
♥ Cantique à Elsa, 1942
♥ Les Yeux d’Elsa, 1942
♥ Brocéliande, 1942
♥ Le Musée Grévin, 1943, publié sous le pseudonyme de François la Colère
♥ L’Honneur des poètes, 1943, contient trois poèmes d’Aragon sous le pseudonyme de Jacques Destaing
♥ La Rose et le Réséda, 1943
♥ La Diane française, 1944
♥ Le Roman inachevé, 1956 (contenant Strophes pour se souvenir)
♥ Elsa, 1959
♥ Les Poètes, 1960
♥ Le Fou d’Elsa, 1963
CONTEXTE DE L’OEUVRE
Le groupe Manouchian
Le poème « Strophes pour se souvenir » a été écrit à la mémoire du groupe Manouchian, groupe de jeunes résistants d’origine étrangère exécuté par la Gestapo le 21 février 1944.
Missak Manouchian, (1906-1944)
« Lorsqu’il faut tracer sa vie sur un chemin de pierres et de ronces,
on ne peut pas être toujours un gentil écolier qui obéit. »
Lettre de Martin Keller, 20 novembre 1944.
Tout jeune, il voit sa famille décimée par le génocide arménien perpétré par les Turcs.
D’abord réfugié dans un orphelinat français en Syrie, il arrive en France en 1925. Il a 19 ans. En 1927, son frère meurt.
Menuisier, puis ouvrier aux usines Citroën, il perd son emploi lors de la crise de 1929. En 1934, il rejoint un groupe communiste arménien et dirige le journal, le Zangou.
Militant actif, il est souvent confronté à la police .
En 1940, après un internement au camp de Compiègne, Missak Manouchian décide de se consacrer à la résistance armée. Aussi, en février 1943, il intègre à Paris les francs-tireurs et partisans – main d’œuvre immigrée (FTP-MOI), adepte de l’action de résistance. Son groupe de résistants est exclusivement composé d’étrangers. Italiens, Polonais, Hongrois et Arméniens, ils sont, pour la plupart, de confession juive.
Ils accomplissent des dizaines d’attentats.
Missak Manouchian est finalement arrêté le 16 novembre 1943, comme vingt-deux autres de ses compagnons. Leur procès se déroule en février 1944 et fait l’objet d’une vive propagande nazie, via une affiche placardée sur les murs de Paris, « l’affiche rouge”. Mais paradoxalement, cette affiche devient le symbole de l’engagement des étrangers dans la Résistance. Manouchian et ses compagnons sont fusillés le 21 février 1944, au mont Valérien…
Arsène Tchakarian (né en 1916) est le dernier survivant du groupe Manouchian, symbole de cet engagement en France des étrangers dans la Résistance.
Quelques vers de Manouchian
“Comme un forçat supplicié, comme un esclave qu’on brime
J’ai grandi nu sous le fouet de la gêne et de l’insulte,
Me battant contre la mort, vivre étant le seul problème…
Quel guetteur têtu je fus des lueurs et des mirages !”
(Traduction Gérard Hékimian)****
Les activités du groupe Manouchian
A Paris, pendant l’Occupation, Missak Manouchian, ouvrier, poète et intellectuel d’origine arménienne, prend la tête d’un groupe de résistants, les FTP-MOI, essentiellement composé d’étrangers et de personnes de confession juive.
Après la rafle du Vel d’Hiv‘, ils s’engagent dans l’action. Manouchian, d’abord réticent à tuer, transgresse son éthique au vu des circonstances. Sous son impulsion, le groupe se structure et commet près d’une centaine d’attentats au cours de l’année 1943. Les résistants sont alors traqués par les nazis et par la police française. Filatures, dénonciations, chantages, tortures : toutes les méthodes sont utilisées pour mettre fin à l’activité des membres du réseau Manouchian… (Source : Télérama)
Témoignage d’Arsène Tchakarian
L’affiche rouge
Léo Ferré chante L’affiche rouge
Lettre de Michel Manouchian à sa femme Mélinée
21 février 1944, Fresne
Ma chère Méline, ma petite orpheline bien aimée.
Dans quelques heures je ne serai plus de ce monde. On va être fusillé cet après midi à 15 heures. Cela m’arrive comme un accident dans ma vie, j’y ne crois pas, mais pourtant, je sais que je ne te verrai plus jamais. Que puis-je t’écrire, tout est confus en moi et bien claire en même temps. Je m’étais engagé dans l’armée de la Liberation en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la victoire et de but. Bonheur ! à ceux qui vont nous survivre et goutter la douceur de la liberté et de la Paix de demain. J’en suis sûre que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoir dignement. Au moment de mourir je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit. Chacun aura ce qu’il meritera comme chatiment et comme recompense. Le peuple Allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur ! à tous ! — J’ai un regret profond de ne t’avoir pas rendu heureuse. jaurais bien voulu avoir un enfant de toi comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre sans faute et avoir un enfant pour mon honneur et pour accomplir ma dernière volonté. Marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je lègue à toi et à ta sœur et pour mes neveux. Après la guerre tu pourra faire valoir ton droit de pension de guerre en temps que ma femme, car je meurs en soldat regulier de l’Armée française de la Liberation. Avec l’aide des amis qui voudront bien m’honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes ecris qui valent d’être lus. Tu apportera mes souvenirs si possibles, à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades toute à l’heure avec courage et serénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n’ai fais mal à personne et si je l’ai fais, je l’ai fais sans haine. Aujourd’hui il y a du soleil. C’est en regardant au soleil et à la belle nature que jai tant aimé que je dirai Adieu ! à la vie et à vous tous ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal où qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous à trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendu. Je t’embrasse bien bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaisse de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur.
Adieu. Ton ami. Ton camarade. Ton mari
Manouchian Michel (djanigt).
P.S. Jai quinze mille francs dans la valise de la Rue de Plaisance. Si tu peus les prendre rends mes dettes et donne le reste à Armène. M.M.
*Les fautes d’orthographe ne sont pas des coquilles. Elles sont dans la lettre originale.
Deux films qui reprennent l’histoire du groupe Manouchian
L’affiche rouge, film de F. Cassenti, 1976
L’Armée du crime, film de R. Guédiguian, 2007
TEXTE D’ARAGON : Strophes pour se souvenir, 1956
En décembre 1954, Aragon reçoit deux lettres de Mélinée Manouchian. l’une pour lui demander de préfacer un recueillies de poèmes de Missak Manouchian, l’autre est une copie de la lettre qu’elle a reçue de son mari, écrite le jour de son exécution.
« Strophes pour se souvenir » s’inspire de la lettre de Missak à sa femme.
Le poème est composé de 7 quintils en alexandrins Ces strophes paraissent une première fois en 1955 dans le journal L’Humanité à l’occasion de l’inauguration d’une rue Manouchian à Paris , puis en 1956 dans Le roman inachevé, recueil autobiographique d’Aragon.
Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.
Léo Ferré chante « Strophes pour se souvenir ».
PROLONGEMENTS
Aragon, Un jour, Un jour (hommage à Garcia Lorca)
Garcia Lorca (1898-1936)
Poète espagnol, assassiné en 1936 par les partisans de Franco
Federico García Lorca est l’un des plus grand poète espagnol du XX° siècle, originaire de la région de Grenade.
Devenu Madrilène à partir de 1919, il multiplie les créations théâtrales et publie plusieurs recueil poétiques dont El Maleficio de La Mariposa (1920), Libro de poemas (1921). A la même époque, il découvre le Surréalisme et devient membre du groupe d’artistes Generación del 27, auquel appartiennent Salvador Dalí et Luis Buñuel.
En 1928, la publication de Romancero Gitano, lui apporte la notoriété.
Dans les années 30, sont publiées et jouées ses plus grandes pièces : Grand Bodas de sangre (1933), Yerma (1934), et La Casa de Bernarda Alba(1936).
En 1936, García Lorca est à Callejones de García lors du déclenchement de la guerre civile. Arrêtés par des franquistes (partisans de Franco), emprisonné, il sera battu à mort et son corps criblé de balles. Sa dépouille est jetée dans une fausse commune à Viznar.
Ses livres sont brûlés sur la Plaza del Carmen de Grenade et interdits dans l’Espagne de Franco. (Jusqu’en 1975)
Un jour, un jour
Tout ce que l’homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au dessus de ce corps et contre ses bourreaux
A Grenade aujourd’hui surgit devant le crime
Et cette bouche absente et Lorca qui s’est tu
Emplissant tout à coup l’univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu’on tue
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Ah je désespérais de mes frères sauvages
Je voyais je voyais l’avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porté sur nos rivages
Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Ente eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un pognard quand leur main l’a touché
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Quoi toujours ce serait laguerre la querelle
Des manières des rois et des fronts prosternés
Et l’enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles
Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d’idoles
Aux cadavres jeté ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
LOUIS ARAGON
Un jour, un jour
chanté par Jean Ferrat.
QUESTIONS ORAL
LIRE ET ECOUTER ARAGON
De grands interprètes et compositeurs ont mis en chanson les textes d’Aragon. En voici quelques unes…