Flaubert, Madame Bovary

L.A 2 Madame Bovary, Flaubert, 1857

Présentation de Madame Bovary, Flaubert, 1857

Le Réalisme chez Flaubert

Réalisme de Madame Bovary
Le réalisme est un mouvement artistique et littéraire qui se situe de 1850 à 1890 environ.
En réaction au sentimentalisme du Romantisme, le Réalisme se caractérise principalement par la représentation la plus fidèle possible de la réalité, sans idéalisation et sans artifice. Le roman réaliste aborde des thèmes liés à la société, au progrès, aux mœurs…
(voir fiche)

Madame Bovary est-elle une œuvre réaliste ?
Description des lieux et des personnages proche de la réalité. Reproduction qui se veut objective , neutre de la réalité humaine, aussi banale qu’elle soit.
Source du roman dans des faits divers qui ont marqué son époque.
Affaire Delamare : Eugène Delamare, qui après le décès de sa femme, se remarie avec une jeune provinciale de 17 ans. Celle-ci se lasse très vite de lui (Comme Emma Bovary). Elle le trompe avec plusieurs amants, est endettée et finit par mettre fin à ses jours en s’empoisonnant.

Flaubert utilise beaucoup les descriptions des personnages, des lieux, des objets. et insiste sur de petits détails, comme la casquette de Charles : C’était une « de ces coiffures d’ordre composite », où l’on retrouve des éléments du bonnet à poil, du chapska, du chapeau rond […]. Ovoïde et renflée de baleines, elle commençait par trois boudins circulaires; puis, s’alternaient, séparés par une bande rouge, des losanges de velours et de poil de lapin ».
L’auteur s’attarde également sur les descriptions d’Emma. Il insiste principalement sur sa sensualité et sa féminité: «A chaque mouvement qu’elle faisait […] sa robe du côté droit remontait. De ses cheveux retroussés, il descendait une couleur brune sur son dos […] son vêtement retombait des deux côtés […] bouffant, plein de plis et s’étalait jusqu’à terre ».
Pour pouvoir décrire l’agonie d’Emma Bovary dans les moindres détails, il se documente beaucoup sur les symptômes de l’empoisonnement à l’arsenic. Les étapes sont précisées dans l’oeuvre: vomissements, soif, douleur à l’estomac.
Flaubert s’inspire aussi de plusieurs cas de suicide avec ce poison.
Afin d’atteindre l’exactitude dans les désordres financiers de son héroïne, Flaubert n’a pas hésité à consulter un avocat afin qu’il lui donne le plus de détails possibles sur ce genre de cas.

Ainsi, Madame Bovary est une œuvre réaliste dans le fait que Flaubert s’est beaucoup documenté pour qu’elle soit le plus vraisemblable possible, et a le souci du détail pour que celle-ci corresponde le plus possible à la réalité.
Mais Flaubert est également anti-réaliste. En effet, il dira : « On me croit épris du réel alors que je l’exècre car c’est en haine du réalisme que j’ai entrepris ce roman. » Et il influence sans cesse les regards du lecteur…
Voir Video ci-dessus


L.A 2 Flaubert, Madame Bovary, 1857

chapitre 8, La mort d’Emma, Flaubert, 1857.


Sa poitrine aussitôt se mit à haleter rapidement. La langue tout entière lui sortit hors de la bouche ; ses yeux, en roulant, pâlissaient comme deux globes de lampe qui s’éteignent, à la croire déjà morte, sans l’effrayante accélération de ses côtes, secouées par un souffle furieux, comme si l’âme eût fait des bonds pour se détacher. Félicité s’agenouilla devant le crucifix, et le pharmacien lui-même fléchit un peu les jarrets, tandis que M. Canivet regardait vaguement sur la place. Bournisien s’était remis en prière, la figure inclinée contre le bord de la couche, avec sa longue soutane noire qui traînait derrière lui dans l’appartement. Charles était de l’autre côté, à genoux, les bras étendus vers Emma. Il avait pris ses mains et il les serrait, tressaillant à chaque battement de son cœur, comme au contrecoup d’une ruine qui tombe. À mesure que le râle devenait plus fort, l’ecclésiastique précipitait ses oraisons ; elles se mêlaient aux sanglots étouffés de Bovary, et quelquefois tout semblait disparaître dans le sourd murmure des syllabes latines, qui tintaient comme un glas de cloche.
Tout à coup, on entendit sur le trottoir un bruit de gros sa-bots, avec le frôlement d’un bâton ; et une voix s’éleva, une voix rauque, qui chantait :
Souvent la chaleur d’un beau jour
Fait rêver fillette à l’amour.
Emma se releva comme un cadavre que l’on galvanise, les cheveux dénoués, la prunelle fixe, béante.
Pour amasser diligemment
Les épis que la faux moissonne,
Ma Nanette va s’inclinant
Vers le sillon qui nous les donne.
– L’Aveugle s’écria-t-elle.
Et Emma se mit à rire, d’un rire atroce, frénétique, désespéré, croyant voir la face hideuse du misérable, qui se dressait dans les ténèbres éternelles comme un épouvantement.
Il souffla bien fort ce jour-là,
Et le jupon court s’envola !
Une convulsion la rabattit sur le matelas. Tous s’approchèrent. Elle n’existait plus.


Correction

Résumé de Mme Bovary par J. Rochefort