Diderot, Encyclopedie, article “Intolérance”

Denis Diderot et Encyclopédie

Né à Langres et fils d’un maître coutelier, Denis Diderot suit ses études chez les Jésuites,  et devient maître ès Art en 1732. Il mène jusqu’à son mariage, en 1743, une vie de bohême qui lui fait perdre la foi. Pendant cette période, il fait la connaissance de Jean-Jacques Rousseau. Dans ses Pensées Philosophiques (1746), Diderot plaide pour une religion naturelle. Se montrant trop libéral par rapport à la religion et aux “mystères”, il est condamné par l’Eglise. En 1747, il est chargé par le libraire Le Breton de diriger avec d’Alembert les travaux de l’Encyclopédie.

La  Lettre sur les aveugles et à l’usage de ceux qui voient (1749) provoque son incarcération au château de Vincennes pendant trois mois. Pour Denis Diderot, le seul critère auquel répond la connaissance est l’expérience.  
Après sa libération, Diderot se consacre entièrement et pendant plus de vingt ans à la réalisation de l’Encyclopédie, véritable travail d’éditeur, qui lui assure la notoriété. Le premier volume est publié en 1751 et le dernier en 1772.

En parallèle à l’Encyclopédie, Diderot poursuit son oeuvre littéraire tout en menant une vie éclectique et tumultueuse. Ses romans, ses critiques et ses essais philosophiques, dont une grande partie ne sera publiée qu’après sa mort, montrent le souci de définir la véritable nature de l’homme et sa place dans le monde. Diderot propose une morale universelle assise, non pas sur Dieu, mais sur les sentiments naturels de l’homme et sur la raison. (Source: La Toupie.org)


 

DIDEROT ET L’ENCYCLOPEDIE
Diderot réalisa un ouvrage considérable pour l’époque, la création de l’Encyclopédie. C’est par le libraire Le Breton que tout commence. Il confie à Denis Diderot une responsabilité énorme en lui demandant de traduire un Dictionnaire des arts et sciences, la Cyclopædia de l’éditeur anglais Chambers. C’est ainsi que naît le projet de l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. 
A l’époque, pas d’accès à Internet et encore moins de dictionnaire pour se documenter. Le défi était donc de taille : donner de l’information accessible à tous. Diderot fait appel à un mathématicien, d’Alembert, pour l’aider dans cette lourde tâche. Imaginez vous qu’il fallut plus de 24 années pour la finir. Prévue en dix volumes, l’Encyclopédie atteindra, à son achèvement, 28 volumes, 17 de discours et 11 de planches. 

Dans le Prospectus de lancement de l’Encyclopédie, Diderot parle de ses rédacteurs puisque c’est grâce à leur travail si l’Encyclopédie est née. Ils seront plus de 160, connus et méconnus, à avoir participer son élaboration. On retrouvera Rousseau qui écrivit des articles de musique ; Voltaire avec ses articles de littérature et d’histoire ….
Dès la parution du fameux Prospectus de lancement, les ennuis commencent pour l’Encyclopédie.   un arrêt du Conseil du roi interdira et condamnera les deux premiers tomes déjà parus. Puis l’ordre du roi de détruire les sept volumes de l’Encyclopédie. Les manuscrits conservés par Diderot sont saisis, les autres cachés chez Malesherbes sont sauvés. Diderot refuse de s’exiler et poursuit clandestinement ses travaux. Un grand nombre de ses collaborateurs le laisse tomber. Il faudra attendre très longtemps pour que les dix derniers volumes soient imprimés secrètement. Diderot mettra au point les derniers volumes de planches qui seront publiés de 1767 à 1772.

Source : http://www.denis-diderot.com/homme.html

 

Objectifs de l’Encyclopedie

Mettre le savoir à la portée de tous. 
La multiplication des illustrations participe de cette volonté.
Diderot l’annonçait dans le Prospectus :
« Un coup d’oeil sur l’objet ou sur sa représentation en dit plus long qu’une page de discours. »
L’iconographie se développe d’autant plus qu’après l’interdiction de l’Encyclopédie autorisation est donnée de publier un recueil de planches. L’image devient alors prioritaire, elle n’est plus illustration au service d’un texte, c’est au contraire le texte qui explique l’image.

À travers leur oeuvre, les encyclopédistes ont fait passer leur idéal philosophique :
•    diffuser auprès du plus grand nombre un savoir libre de tout préjugé, de toute superstition,
•    mesurer les connaissances à l’aune de la raison,
•    enfin, fournir un matériel pour, comme Diderot le proclame dans l’article « Encyclopédie », « changer la façon commune de penser ».

 

Diderot , Encyclopédie,  article “intolérance”, 1751

L’Encyclopédie dont le sous-titre est Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers est une œuvre collective dirigée par Diderot et d’Alembert qui a pour ambition de rendre le savoir accessible à tous, de valoriser les métiers de l’artisanat, de diffuser la connaissance des sciences et les idées des Lumières. Cet ouvrage de 28 volumes, réalisé par quelques 150 auteurs entre 1751 et 1772, connaît un véritable succès auprès de la noblesse éclairée et de la bourgeoisie mais est aussi victime de la censure royale à cause des idées critiques qu’elle véhicule sur la monarchie absolue de droit divin, le manque de libertés et la religion à laquelle chacun doit se soumettre aveuglément. 


 

 INTOLÉRANCE, s. f : (Morale). Il est impie d’exposer la religion aux imputations odieuses de tyrannie, de dureté, d’injustice, d’insociabilité, même dans le dessein d’y ramener ceux qui s’en seraient malheureusement écartés. L’esprit ne peut acquiescer qu’à ce qui lui paraît vrai ; le cœur ne peut aimer que ce qui lui semble bon. La violence fera de l’homme un hypocrite, s’il est faible ; un martyr, s’il est courageux. Faible et courageux, il sentira l’injustice de la persécution et s’en indignera. L’instruction, la persuasion et la prière, voilà les seuls moyens légitimes d’étendre la religion. Tout moyen qui excite la haine, l’indignation et le mépris, est impie. Tout moyen qui réveille les passions et qui tient à des vues intéressées, est impie. Tout moyen qui relâche les liens naturels et éloigne les pères des enfants, les frères des frères, les sœurs des sœurs, est impie. Tout moyen qui tendrait à soulever les hommes, à armer les nations et tremper la terre de sang, est impie. Il est impie de vouloir imposer des lois à la conscience, règle universelle des actions. Il faut l’éclairer et non la contraindre. Les hommes qui se trompent de bonne foi sont à plaindre, jamais à punir. Il ne faut tourmenter ni les hommes de bonne foi ni les hommes de mauvaise foi, mais en abandonner le jugement à Dieu. Si l’on rompt le lien avec celui qu’on appelle impie, on rompra le lien avec celui qu’on appellera avare, impudique, ambitieux, colère, vicieux. On conseillera une rupture aux autres, et trois ou quatre intolérants suffiront pour déchirer toute la société. Si l’on peut arracher un cheveu à celui qui pense autrement que nous, on pourra disposer de sa tête, parce qu’il n’y a point de limites à l’injustice. Ce sera ou l’intérêt, ou le fanatisme, ou le moment, ou la circonstance qui décidera du plus ou du moins de mal qu’on se permettra. Si un prince infidèle demandait aux missionnaires d’une religion intolérante comment elle en use avec ceux qui n’y croient point, il faudrait ou qu’ils avouassent une chose odieuse, ou qu’ils mentissent, ou qu’ils gardassent un honteux silence. Qu’est-ce que le Christ a recommandé à ses disciples en les envoyant chez les nations ? Est-ce de tuer ou de mourir ? Est-ce de persécuter ou de souffrir ? Saint Paul écrivait aux Thessaloniciens : “Si quelqu’un vient vous annoncer un autre Christ, vous proposer un autre esprit, vous prêcher un autre évangile, vous le souffrirez. ” Intolérants, est-ce ainsi que vous en usez même avec celui qui n’annonce rien, ne propose rien, ne prêche rien ? Il écrivait encore : ne traitez point en ennemi celui qui n’a pas les mêmes sentiments que vous, mais avertissez-le en frère. Intolérants, est-ce là ce que vous faites ?
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