XIX°
STENDHAL (1783-1842)
- « Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos yeux l’azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route. Et l’homme qui porte le miroir dans sa hotte sera par vous accusé d’être immoral ! Son miroir montre la fange, et vous accusez le miroir ! Accusez bien plutôt le grand chemin où est le bourbier, et plus encore l’inspecteur des routes qui laisse l’eau croupir et le bourbier se former ».
- « Un roman est comme un archet, la caisse du violon qui rend les sons, c’est l’âme du lecteur. »
FLAUBERT (1821-1880)
- Lettre à Louis Bonenfant, 1868 : « Un nom propre est une chose extrêmement importante dans un roman, une chose capitale. On ne peut pas plus changer un personnage de nom que de peau. »
- Lettre à Louise Colet, 9 décembre 1852 : « L’auteur, dans son œuvre, doit être comme Dieu dans l’univers, présent partout, et visible nulle part ».
- Lettre à Louise Colet, 16 janvier 1852 : « Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style […]un livre qui n’aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait invisible, si cela se peut. Les œuvres les plus belles sont celles où il y a le moins de matière ; plus l’expression se rapproche de la pensée, plus le mot colle dessus et disparaît, plus c’est beau ».
MAUPASSANT (1850-1893)
- “Le réaliste, s’il est un artiste, cherchera, non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même.”
- “Faire vrai consiste donc à donner l’illusion complète du vrai, suivant la logique ordinaire des faits, et non à les transcrire servilement dans le pêle-mêle de leur succession. J’en conclus donc que les réalistes de talent devraient s’appeler plutôt des illusionnistes.”
« Le roman », prélude à Pierre et Jean (1888)
- « En somme, le public est composé de groupes nombreux qui nous crient : – Consolez-moi. – Amusez-moi. – Attristez-moi. – Attendrissez-moi. – Faites-moi rêver. – Faites-moi rire. – Faites-moi frémir. – Faites-moi pleurer. – Faites-moi penser. Seuls, quelques esprits d’élite demandent à l’artiste : Faites-moi quelque chose de beau, dans la forme qui vous conviendra le mieux, suivant votre tempérament. »
- « Notre vision, notre connaissance du monde acquise par le secours de nos sens, nos idées sur la vie, nous ne pouvons que les transporter en partie dans tous les personnages dont nous prétendons dévoiler l’être intime et inconnu. »
ZOLA (1840-1902)
- Le roman expérimental, 1880 : « Il est indéniable que le roman naturaliste, tel que nous le comprenons à cette heure, est une expérience véritable que le romancier fait sur l’homme, en s’aidant de l’observation ».
- « Le roman est devenu une enquête générale sur l’homme et sur le monde. »
JARRY
« Je pense qu’il n’y a aucune espèce de raison d’écrire une œuvre sous forme dramatique, à moins que l’on n’ait eu la vision d’un personnage qu’il soit plus commode de lâcher sur une scène que d’analyser dans un livre »,
XX°
ARAGON (1897-1982)
« Le roman est une machine inventée par l’homme pour l’appréhension du réel dans sa complexité ».
« Jusqu’ici, les romanciers se sont contentés de parodier le monde. Il s’agit maintenant de l’inventer » Blanche de l’oubli
DUHAMEL 1884-1966:
« Le romancier est l’historien du présent, alors que l’historien est le romancier du passé » Les Maîtres
PROUST, (1871-1922)
Le Temps retrouvé :
« Tel nom lu dans un livre autrefois, contient entre ses syllabes le vent rapide et le soleil brillant qu’il faisait quand nous le lisions. De sorte que la littérature qui se contente de « décrire les choses », d’en donner seulement un misérable relevé de lignes et de surfaces, est celle qui, tout en s’appelant réaliste, est la plus éloignée de la réalité, celle qui nous appauvrit et nous attriste le plus ».
ROBBE-GRILLET (1922-2008) Pour un nouveau roman :
« Chaque romancier, chaque roman doit inventer sa propre forme. Aucune recette ne peut remplacer cette réflexion continuelle. Le livre crée pour lui ses propres règles. Encore le mouvement de l’écriture doit-il souvent conduire à les mettre en péril, en échec peut-être, et à les faire éclater ».
« Croire que le romancier a « quelque chose à dire », et qu’il cherche ensuite comment le dire, représente le plus grave des contre-sens. Car c’est précisément ce « comment », cette manière de dire, qui constitue son projet d’écrivain, projet obscur entre tous, et qui sera plus tard le contenu douteux de son livre ».
MARTHE ROBERT, (1914-1996) Roman des origines et origine du roman :
« Le roman se distingue de tous les autres genres littéraires, et peut-être de tous les autres arts, par son aptitude non pas à reproduire la réalité, comme il est reçu de le penser, mais à remuer la vie pour lui recréer sans cesse de nouvelles conditions et en redistribuer les éléments ».
V.WOOLF (1881-1942):
« Le roman, […] est la seule forme d’art qui cherche à nous faire croire qu’elle donne un rapport complet et véridique de la vie d’une personne réelle ».