Corrigé Camus, La Peste, L.A 1

Corrigé L.A N°1 –Camus La peste

Problématique :

Le dialogue argumentatif dans le roman : comment les visions des deux hommes s’opposent-elles ?

Opposition entre préoccupations individualistes de Rambert et vision collective de Rieux

  1. Une scène d’opposition
    a) refus de Rieux

Rieux est médecin mais aussi membre très actif dans la lutte contre le fléau. Donc, Rambert s’adresse à lui pour obtenir son certificat « je suis venu vers vous parce qu’on a dit que vous aviez une grande part dans les décisions prises ». Donc l’autorité de Rieux est reconnue.
Mais Rieux refuse de délivrer le certificat d’abord en tant que médecin car il ne sait pas si Rambert est malade et ne peut pas garantir qu’il ne sera pas infecté avant de sortir de la ville « j’ignore si vous avez ou non cette maladie »/« je ne suis pas certifié qu’entre le moment où vous sortirez de mon bureau et celle où vous entrerez à la préfecture, vous ne serez pas infecté »

b) arguments de Rambert pour convaincre Rieux

– Rieux refuse de faire un certificat à Rambert car d’autres personnes sont en bonne santé et que la loi s’applique à tous. Robin rétorque par une question rhétorique : « et s’ils n’ont pas la peste eux-mêmes ? » Par cette hypothèse, il veut montrer qu’il est ridicule d’enfermer des gens sains.

-Rambert use d’un argument plus personnel « je ne suis pas d’ici ». Serait donc logique qu’il rentre chez lui plutôt que de rester à Oran.
– ensuite il utilise des arguments qui cherchent à prendre Rieux par les sentiments : il se place donc du côté de la persuasion. En effet, il en appelle à « l’humanité », la sensibilité de Rieux. Il cherche à lui faire comprendre que la séparation d’avec sa femme et douloureuse que donc il devrait lui accorder ce certificat pour qu’il puisse la rejoindre.

– Enfin il prend le raisonnement de Rieux à rebours : « j’ai pensé alors que, pour un cas au moins, vous pourriez défaire ce que vous aviez contribué à faire». Puis il accuse Rieux « vous n’avez pensé à personne. Vous n’avez pas tenu compte de ceux qui étaient séparés. »

Sa colère le pouce à formuler un argument ad hominem[1] ou du moins qui y ressemble : il accuse Rieux d’égoïsme, d’un manque de compassion pour les victimes séparées, et lui demande de revenir en arrière, de faire un geste envers ceux qui sont victimes de sa décision de fermer la ville.

– Le ton de Rambert se fait de plus en plus violent et agressif. Emploi de phrases brèves, de questions, d’exclamations qui témoignent de son incompréhension, de son impatience à connaître le raisonnement de Rieux, de sa détermination aussi. Il réagit avec de plus en plus d’ardeur comme le souligne le verbe « s’animait ». Il utilise des questions, passe par le sous-entendu, la provocation, pour amener Rieux à lui accorder le certificat. L’expression « avec amertume » témoigne de son désarroi grandissant, mais aussi de sa déception. Peut-être un jeu pour attendrir Rieux puisqu’il s’agit du moment où il réclame de la compassion pour les séparer. Enfin, il réagit avec colère « une sorte de défi » « avec un éclat soudain ».

Rieux et Rambert s’opposent sans cesse. La conjonction de coordination « mais » est employé 11 fois dans l’extrait. C’est le signe de l’opposition entre les deux hommes et d’expliquer leur désaccord.
Les répliques s’enchaînent sur le même mode : on observe la reprise de l’expression « et puis même » par l’un puis par l’autre. L’abondance des négations ou de la reprise d’une même phrase avec un passage de la négation à l’affirmation (« je ne suis pas d’ici/vous serez d’ici ») ; adverbes qui expriment l’opposition « non », « si ». Il y a aussi des tournures expressives, exclamatives ou interrogatives « ah ! Je vois » qui traduisent la vivacité de leur opposition.

2. Rieux un homme moral
a) Rieux, un homme public.
Rieux comprend Rambert comme le montre la première réplique « je vous comprends » même s’il ne peut cautionner sa demande. Il éprouve de la compassion car lui aussi se séparer de sa femme. Les arguments sentimentaux de Rambert sur la difficulté d’être séparé touchent Rieux. C’est ce que laisse percevoir son silence : « Rieux ne répondit pas tout de suite ».

Jusqu’à la fin de l’extrait il renouvelle les preuves de son empathie : « puis il dit qu’il croyait s’en rendre compte. De toute façon il désirait que Rambert retrouvât sa femme et que tous ceux qui s’aiment fussent réunis ». On a ici un passage du particulier au général ; Rieux s’inclut dans l’ensemble de « tous ceux qui s’aimaient ». « Le docteur dit qu’il le comprenait encore »/ « Si vous pouvez vous tirer de cette affaire, j’en serai profondément heureux ». Néanmoins, à aucun moment le docteur n’explique la raison de cette compassion. Il apparaît comme un homme notamment public lorsqu’il avoue qu’il n’a pas tenu compte de la situation des séparés pour décider de fermer la ville.

b) Rieux : vision collective

il évoque son métier directement ou indirectement à trois reprises. Il justifie de manière médicale son refus : « j’ignore si vous avez ou non cette maladie ». Lexique de la médecine montre que son « raisonnement » est dicté par son métier alors que Rambert agit sous l’effet de la passion.

Rieux Réagit en médecin et non en homme séparé de sa femme « mais il y avait des arrêtés et des lois, il y avait la peste, son rôle à lui était de faire ce qu’il fallait ». Il reprend cette idée dans les dernières lignes : «Simplement, il y a des choses que ma fonction m’interdit ».

Rieux s’efface en tant que personne pour laisser place à sa fonction de médecin. Les présentatifs « il y a » ; « il y avait »… témoignent de l’existence d’un mal et de règles qu’il se doit de respecter. Ainsi, « le rôle », « la fonction » son sujet des verbes… « Ma fonction m’interdît »et rieux est complément d’objet.

Rieux défends donc une morale du devoir. L’essentiel pour lui et de faire « ce qu’il fallait », de faire son devoir, de faire ce que dicte la nécessité de la situation. Rieux incarne donc l’homme qui se plie aux contraintes imposées par sa fonction pour « bien faire son métier » d’homme.

 

c) Rieux soucieux de l’humanité

Rieux évoque la collectivité grâce à des termes comme « des milliers d’hommes dans votre cas » « tous » ; « comme tout le monde ». Le pronom indéfini « on » vient appuyer cette attention particulière portée au collectif. D’ailleurs Rambert on est conscient, il dit au docteur : ” vous allez parler du service public »

Rambert lui emploie beaucoup la première personne du singulier et pense à chacun en particulier : et reproche à Rieux de n’avoir « pensé à personne ». Pour lui, « le bien public est fait du bonheur de chacun ». Cette phrase illustre l’opposition entre les deux personnages et permet de la comprendre : Rieux pense au salut de tous, à ce qui est bon pour l’ensemble de la population, sans considération des difficultés particulières. Alors que Rambert pense d’abord au bonheur individuel. Cette opposition se retrouve dans leur logique respective, résumé par la phrase de Robert : « vous parlez le langage de la raison, vous êtes dans l’abstraction ». Vive pense à ce qui est bien pour tous. Il généralise, cherche ce qui aura le moins de conséquences négatives sur la population de d’ORAN et celle des autres pays. Alors que le journaliste souffre de sa situation personnelle, pense à son bien-être, au bonheur de chacun sans considérer les conséquences À une plus grande échelle. Dans la bouche de Rambert la question d’humanité renvoie à la compassion, au sentiment alors que pour le médecin, elle a le sens de « genre humain » et elle est sa préoccupation essentielle

Conclusion :

Reprendre les principaux axes Penser à une ouverture